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Attention! Cet article contient des spoilers majeurs sur la première saison de Spectacular Spider-Man.

The Spectacular Spider-Man

Quatre leçons de vie en treize épisodes

_____

Greg Weisman le dit depuis le début : The Spectacular Spider-Man retrace l’éducation de Peter Parker à la fois en tant qu’adolescent, et à la fois en tant que super-héros. Pour forger la personnalité de ce très jeune monte-en-l’air, les têtes pensantes de la série ont choisi de le faire passer par une série d’épreuves qui lui apprennent certaines règles en vigueur aux différents niveaux de sa double vie. Pour ce faire, la première saison est sub-divisée en quatre mini-arcs scénaristiques, traitant chacun un thème différent. Cette saison se décompose ainsi:

Épisodes 1 à 3 : Survival of the Fittest ; Interactions ; Natural Selection
Greg Weisman a déclaré que ce premier arc était en quelque sorte « biology 101″, c’est à dire, en français, un cours d’introduction à la biologie, au monde naturel. Dans le premier épisode, Spider-Man affronte son premier ennemi de taille : le Vautour. La thématique de la survie du plus fort, une sorte de loi de la jungle, est ainsi renforcée par les actions des Exécuteurs, qui prennent l’homme araignée pour cible. Confronté à plusieurs ennemis, le héros doit prouver sa capacité à survivre, à la fois par la ruse et par la force. Survival of the Fittest (la survie du plus fort) ouvre alors la voie pour les épisodes suivants, puisqu’il introduit Spider-Man à un monde nouveau, plein de dangers, et fait de lui la nouvelle proie de la pègre New-Yorkaise. Son alter égo civil n’est pas en reste, puisqu’il découvre que les mêmes principes s’appliquent à son lycée, où il doit garder la tête haute face aux humiliations que lui infligent Flash Thompson et sa bande.

Interactions (interactions) prolonge l’arc en liant Peter et Spider-Man à de nouveaux personnages, comme Liz, qu’il ne fréquentait pas avant, et Max Dillon, qui devient Electro. Dans le même temps ses relations avec Connors et son ami Eddie Brock se renforcent. Une nouvelle confrontation apparait, et Spider-Man commet ses premières erreurs en tant que héros, puisqu’il provoque volontairement Electro sans chercher à comprendre le problème.

La conclusion du premier arc oppose pour la première fois Spider-Man à l’un de ses amis, situation qui se répètera au cours de la saison. Dans Natural Selection (sélection naturelle), son professeur devient à la fois la victime et l’ennemi, tandis qu’Eddie prouve sa bravoure et confirme son altruisme. Mais étant encore jeune, Spider-Man ne parvient pas à concilier les deux aspects de sa vie, et perd la confiance de ses amis au profit de l’aide apportée à sa tante. D’une certaine manière, il perd tout en gagnant, et l’épisode se termine sur les hésitations de Peter, qui réalise les difficultés à survivre dans ce nouveau monde qui s’offre à lui.

Épisodes 4 à 6 : Market Forces ; Competition ; The Invisible Hand
Cette fois, Spider-Man apprend qu’il n’est pas la seule pièce sur l’échiquier, et que ses adversaires comptent bien utiliser tous les moyens requis pour le mettre hors-jeu. Ça n’est plus la sélection naturelle, c’est la concurrence économique qui oppose le super héros à des ennemis, professionnels et amateurs, dont le seul but est de l’éliminer. Weisman qualifie cet arc de « economics 101″, ou cours d’introduction à l’économie, aux lois du marché.

Market Forces (les lois du marché) présente semble-t-il les forces avec lesquelles l’histoire va évoluer. D’un côté, Spider-Man, le justicier, reste dans le flou concernant ses mystérieux adversaires, tandis que le Grand Patron met en place une stratégie visant à occuper l’homme araignée et le tenir à l’écart de ses affaires. Du côté civil, Peter doit faire face à l’animosité de Gwen après son erreur face aux Connors et concilier le temps qu’il accorde à son ami Harry avec ses obligations en tant que super héros. Dans le même temps, le personnage de Mary Jane Watson est évoqué, et prépare lentement son entrée en jeu, une nouvelle force avec laquelle le héros va devoir évoluer.

Competition, ou concurrence en français, reste bien sûr dans la même direction, mais insiste sur la vie étudiante de Peter, et ses choix vis-à-vis de son ami : la compétition s’installe même entre lui et Harry, tandis que la stratégie du Grand Patron continue de tenir le Tisseur à l’écart.

The Invisible Hand fait référence à une idée développée en 1776 par l’économiste Adam Smith dans le livre De la Richesse des Nations. Compliquée et plusieurs fois réinterprétée, cette théorie de la Main Invisible renvoie probablement au rôle du Grand Patron et de Tombstone, qui tirent les ficelles dans l’ombre. Spider-Man découvre ici ses nouveaux, et peut-être plus dangereux ennemis, et réalise l’échelle de l’affrontement dans lequel il s’est lancé en devenant un super héros. Tante May joue également un rôle et opère dans le dos de son neveu en persuadant Betty Brant de refuser d’accompagner Peter au bal du lycée. Mary Jane peut ainsi faire son entrée en jeu.

Adam Smith avait écrit que les êtres humains n’étaient pas toujours maîtres des conséquences de leurs actes. C’est justement un des thèmes récurrents dans la série, puisque Spider-Man doit subir les actions du Grand Patron, qu’il a involontairement provoqué. Les autres exemples sont multiples, mais le plus évident lorsque l’on parle de Spider-Man est bien entendu la conséquence de son refus d’arrêter le meurtrier de son oncle Ben. Lorsque Smith définie pour la première fois la « Main Invisible » du marché, il explique que les actes commis par les individus pour des raisons purement égoïstes peuvent parfois mener au bien-être commun. La question se pose alors: quand Peter a choisi de laisser partir le voleur qui tuera son oncle, a-t-il engendré une série positive ou négative d’évènements? Serait-il devenu Spider-Man si la Main Invisible n’était pas intervenue?

Épisodes 7 à 9 : Catalysts ; Reaction ; The Uncertainty Principle
Dans le troisième arc, les scénaristes jouent la carte de la physique-chimie, et transforment ainsi l’intrigue générale en réaction chimique. Les différents corps de cette réaction avaient été préalablement définis, au cours des six premiers épisodes. D’un côté Spider-Man, de l’autre, le Big Man et son organisation criminelle.

Le titre de l’épisode 7 parle pour lui-même, puisqu’un catalyseur est une substance indépendante à une réaction chimique qui augmente la vitesse de celle-ci, et qui possède la particularité de ne pas être consommée au cours du processus. Cela signifie qu’un troisième corps, visiblement indépendant, se mêle à la réaction, et change le résultat de l’équation. Mary Jane Watson joue ici le rôle de ce catalyseur. En effet, alors que Peter était diamétralement opposé à Flash Thompson et sa bande, la nouvelle venue change la donne en sortant Peter de son image de « geek ». Elle se mêle plus ou moins à Flash et ses amis, et acquiert ainsi un statut indépendant des deux camps. L’effet de catalyse se ressent également entre Gwen et Peter, puisque la jeune femme se sent de plus en plus éloignée de son ami, mais surtout vis-à-vis de Harry, puisqu’elle entraîne la perte d’attention de la part du groupe de Flash Thompson envers le jeune homme, qui avait déjà un statut précaire dès le moment où il intégrait le groupe car il se sentait à chaque fois obligé de faire ses preuves et qu’il était surtout apprécié pour sa richesse. Cette perte d’attention, renforcée par la déception que connaît Harry en témoignant du comportement de Glory Grant, accélère ainsi sa chute dans la dépendance.

Mary Jane n’est pas le seul catalyseur, comme l’indique le titre pluriel, puisque le Bouffon Vert entre également en jeu, menace les plans du Big Man, et s’interpose dans l’opposition de Spider-Man et du chef de la pègre. Ce troisième acteur suit bien entendu ses propres plans, qui restent jusque là mystérieux, et accélère les évènements alors que le Tisseur vient tout juste de réaliser la dangerosité de son implication dans les affaires clandestines de ses ennemis.

De son côté, le colonel John Jameson se prépare à partir dans l’espace pour une mission qui aura de fortes conséquences sur les personnages principaux. Son effet de catalyse est retardé, mais n’en est pas moins présent.

La réaction chimique continue dans l’épisode 8, notamment en ce qui concerne les relations sociales entre les personnages de Peter, Mary Jane, Flash et Liz. Les évolutions sont ainsi similaires à des associations ou des séparations de corps, au sens physico-chimique du terme. Dans le même temps, la transformation soudaine d’Otto Octavius en Docteur Octopus est le résultat d’une réaction entre un sabotage de la part du Bouffon, et un état psychologique latent causé par la forte tension imposée par Norman Osborn et ses humiliations répétées. La catalyseur qu’est le Bouffon Vert fait ainsi d’une pierre deux coups en opposant un nouvel adversaire à Spider-Man, et en privant le Big Man du scientifique le plus à même de lui fournir ses super vilains.

Le titre de l’épisode 9 peut s’interpréter au sens scientifique comme au sens trivial du terme. En physique, le principe d’incertitude correspond à l’impossibilité de connaître à la fois la vitesse et la position d’un corps microscopique de manière précise. Cet épisode, au rythme très soutenu, enchaîne les révélations et les rebondissements. Les positions qu’occupent les personnages sur l’échiquier sont ainsi plus ou moins brouillées, puisque Tombstone et Hammerhead se retrouvent en position de victimes, et Spider-Man, qui vient s’interposer dans un affrontement qui ne le concerne pas directement, devient à son tour un catalyseur. Le jeune héros est d’ailleurs obligé de s’allier temporairement à Tombstone, et de le laisser partir, pour pouvoir affronter et démasquer le Bouffon.

La fin de l’épisode, et donc de l’arc, plonge le spectateur dans l’incertitude, puisque même si l’identité du Bouffon Vert semble révélée, de multiples questions restent en suspend, mettant en doute la véracité des faits. Gwen et Peter expriment d’ailleurs eux-mêmes leur scepticisme, tandis que le colonel Jameson rentre sur Terre après une mission mouvementée, accompagné d’une mystérieuse substance noire.

_____

Cet arc centré sur le thème de la chimie est accompagné d’une intrigue sur l’addiction, et sur ses effets néfastes sur le comportement et la psyché de la victime. Ce point permet donc aux scénaristes de faire habilement la liaison avec le dernier arc de la saison 1, centré sur la psychologie.

Épisodes 10 à 13 : Persona ; Group Therapy ; Intervention ; Nature Vs Nurture
Les derniers épisodes, riches en événements, développent les relations entre les personnages grâce à des métaphores socio-psychologiques interprétables à plusieurs niveaux.

En psychologie, le terme persona désigne en anglais la personnalité qu’un individu projète au monde extérieur, qui se différencie de sa nature véritable. Ce concept, développé par Carl Jung, réfère à la signification latine de persona, qui renvoie en fait à la notion de masque, façonnable et interchangeable. Selon cette théorie, chaque individu revêtirait donc un masque lorsqu’il se trouve en société, afin d’afficher une certain image de soi. Dans l’épisode 10, le Caméléon, nouvel ennemi de Spider-Man, fait son apparition, et joue de son art du déguisement pour diffuser une mauvaise image de l’homme araignée en commettant des vols sous son effigie. Non seulement, le Caméléon change de masque, sans révéler sa nature propre, mais impose aussi à son adversaire un faux masque, dont il devra prouver l’artificialité.

Parallèlement, Spider-Man se retrouve vêtu du symbiote extra-terrestre involontairement ramené sur Terre par l’équipe de John Jameson. Alors que sa nouvelle apparence modifie son image sociale, l’entité en question semble peu à peu l’influencer, bien que cela reste encore diffus dans cet épisode. Son flirt avec la mystérieuse Chatte Noire contredit les principes du héros, et celui-ci fait même preuve d’un certain égocentrisme lorsqu’il décide de garder le symbiote pour lui. Est-ce la nature profonde du personnage, ou encore un nouveau masque? Peter, quant à lui, détériore de nouveau sa relation avec ses amis, notamment Eddie Brock, qui l’accuse d’être un opportuniste égocentrique après avoir pris des photos d’un vol sans alerter les autorités. Arborant alors un masque néfaste bien malgré lui, il semble que ses relations avec Gwen en ressentent aussi les effets, puisque les deux personnages ne communiquent plus.

De son côté, la Chatte Noire fait excellente impression sur le jeune héros, qui échoue (ou renonce) même à la conduire devant la justice. Donnant une image à la fois mûre, sexy, provocatrice, et manipulatrice, la féline laisse Spider-Man dans un flou presque total.

Tante May, enfin, laisse transparaître des signes évidents de problèmes de santé qu’elle avait semble-t-il jusque là cachés.

La notion de Group Therapy, ou thérapie de groupe, renvoie à une méthode très répandue de psychanalyse en groupe. En général, 6 à 10 patients se rassemblent autour d’un thérapeute professionnel pour discuter de leurs problèmes, créer une interaction, et essayer de trouver des solutions. Les effets positifs attendus sont un apprentissage personnel de ses réactions vis-à-vis des autres et la prise de conscience de nouvelles façons de se comporter en groupe. Les difficultés rencontrées par les différents patients sont souvent recréées pour que ceux-là puissent apprendre à contourner le problème en changeant de comportement.

Dans cet épisode, Spider-Man se voit donc confronter à six de ses anciens adversaires, alliés dans le seul but de le détruire. Sous ce scénario qui peut paraître simpliste, Greg Weisman et son équipe utilisent la métaphore de la psychanalyse pour observer les changements de comportements chez les personnages. Du côté des Sinistres Six, d’abord, Electro choisit de faire confiance à Otto Octavius dans l’optique de trouver un remède. Il se révèle alors comme un personnage complexe, puisque même s’il intègre une équipe et prouve ainsi qu’il peut travailler à plusieurs après son traumatisme, il ment tout de même au docteur Kaffka concernant sa réhabilitation. Deux effets opposés de la thérapie de groupe se retrouvent alors en confrontation, et confirment le caractère tourmenté et instable de Max Dillon. La plupart des autres ennemis du tisseur prouvent leur inadaptabilité au travail d’équipe, sauf peut-être Shocker, déjà habitué à travailler avec les Exécuteurs. Le thérapeute s’incarne en la personne d’Octopus, qui parvient à faire s’entendre cinq criminels différents, au moins pendant un temps.

De son côté, Spider-Man est bien malgré lui plongé dans cette séance de psychanalyse musclée. Suite à sa première défaite, son inconscient ouvre la voie au symbiote pour qu’il l’aide à résoudre le problème. Le tisseur change alors radicalement de comportement en adoptant une attitude plus agressive et plus directe. Peter ne se rend cependant pas compte du changement pendant la « séance », et règle la question avec l’aide du symbiote. Néanmoins, il est important de souligner que le nouvel allié de Spider-Man, même s’il vainc ses adversaires, change le comportement de son hôte dans le mauvais sens du terme, alors qu’une thérapie de groupe doit aboutir à un bien-être chez le patient. C’est tout le contraire qui va arriver.

Le choc infligé à tante May dans l’épisode révèle également son état de santé médiocre: son faux comportement est percé à jour, tandis que celui d’Eddie se révèle peu à peu, à travers la scène avec Mary Jane. Bien que laissant paraître une image détendue et sereine dans les premiers épisodes, Brock est soudain vu comme quelqu’un qui n’a pas peur de prendre des risques, qui n’a rien à perdre, et qui laisse lentement sa rage déborder.

L’épisode 12, Intervention, montre la lutte intérieure de Peter pour se débarrasser du symbiote, qui a presque totalement immergé sa personnalité. En psychologie, l’intervention est le fait d’apporter une aide, souvent par un proche parent ou ami, à une personne en situation d’addiction. Ici, c’est tout naturellement la figure paternelle d’oncle Ben qui vient apporter son soutient à Peter. Renforcé par la présence toujours vivante de Ben dans son esprit, Peter réussit à se libérer de l’emprise du symbiote. Dans un sens plus trivial, la notion d’intervention peut s’appliquer à bien des aspects de l’épisode, comme l’intervention de l’accident dans la vie de Parker, qui a fait de lui le héros qu’il est à présent. Enfin, le symbiote intervient également dans la vie d’Eddie en lui proposant de se joindre à lui.

Enfin, le dernier épisode de la saison, Nature Vs Nurture, qui peut être traduit littéralement par « la question de l’inné et de l’acquis », agit comme conclusion de l’évolution de Peter Parker au cours <<< Retour aux dossiers

Attention! Cet article contient des spoilers majeurs sur la première saison de Spectacular Spider-Man.

The Spectacular Spider-Man

Quatre leçons de vie en treize épisodes

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Greg Weisman le dit depuis le début : The Spectacular Spider-Man retrace l’éducation de Peter Parker à la fois en tant qu’adolescent, et à la fois en tant que super-héros. Pour forger la personnalité de ce très jeune monte-en-l’air, les têtes pensantes de la série ont choisi de le faire passer par une série d’épreuves qui lui apprennent certaines règles en vigueur aux différents niveaux de sa double vie. Pour ce faire, la première saison est sub-divisée en quatre mini-arcs scénaristiques, traitant chacun un thème différent. Cette saison se décompose ainsi:

Épisodes 1 à 3 : Survival of the Fittest ; Interactions ; Natural Selection
Greg Weisman a déclaré que ce premier arc était en quelque sorte « biology 101″, c’est à dire, en français, un cours d’introduction à la biologie, au monde naturel. Dans le premier épisode, Spider-Man affronte son premier ennemi de taille : le Vautour. La thématique de la survie du plus fort, une sorte de loi de la jungle, est ainsi renforcée par les actions des Exécuteurs, qui prennent l’homme araignée pour cible. Confronté à plusieurs ennemis, le héros doit prouver sa capacité à survivre, à la fois par la ruse et par la force. Survival of the Fittest (la survie du plus fort) ouvre alors la voie pour les épisodes suivants, puisqu’il introduit Spider-Man à un monde nouveau, plein de dangers, et fait de lui la nouvelle proie de la pègre New-Yorkaise. Son alter égo civil n’est pas en reste, puisqu’il découvre que les mêmes principes s’appliquent à son lycée, où il doit garder la tête haute face aux humiliations que lui infligent Flash Thompson et sa bande.

Interactions (interactions) prolonge l’arc en liant Peter et Spider-Man à de nouveaux personnages, comme Liz, qu’il ne fréquentait pas avant, et Max Dillon, qui devient Electro. Dans le même temps ses relations avec Connors et son ami Eddie Brock se renforcent. Une nouvelle confrontation apparait, et Spider-Man commet ses premières erreurs en tant que héros, puisqu’il provoque volontairement Electro sans chercher à comprendre le problème.

La conclusion du premier arc oppose pour la première fois Spider-Man à l’un de ses amis, situation qui se répètera au cours de la saison. Dans Natural Selection (sélection naturelle), son professeur devient à la fois la victime et l’ennemi, tandis qu’Eddie prouve sa bravoure et confirme son altruisme. Mais étant encore jeune, Spider-Man ne parvient pas à concilier les deux aspects de sa vie, et perd la confiance de ses amis au profit de l’aide apportée à sa tante. D’une certaine manière, il perd tout en gagnant, et l’épisode se termine sur les hésitations de Peter, qui réalise les difficultés à survivre dans ce nouveau monde qui s’offre à lui.

Épisodes 4 à 6 : Market Forces ; Competition ; The Invisible Hand
Cette fois, Spider-Man apprend qu’il n’est pas la seule pièce sur l’échiquier, et que ses adversaires comptent bien utiliser tous les moyens requis pour le mettre hors-jeu. Ça n’est plus la sélection naturelle, c’est la concurrence économique qui oppose le super héros à des ennemis, professionnels et amateurs, dont le seul but est de l’éliminer. Weisman qualifie cet arc de « economics 101″, ou cours d’introduction à l’économie, aux lois du marché.

Market Forces (les lois du marché) présente semble-t-il les forces avec lesquelles l’histoire va évoluer. D’un côté, Spider-Man, le justicier, reste dans le flou concernant ses mystérieux adversaires, tandis que le Grand Patron met en place une stratégie visant à occuper l’homme araignée et le tenir à l’écart de ses affaires. Du côté civil, Peter doit faire face à l’animosité de Gwen après son erreur face aux Connors et concilier le temps qu’il accorde à son ami Harry avec ses obligations en tant que super héros. Dans le même temps, le personnage de Mary Jane Watson est évoqué, et prépare lentement son entrée en jeu, une nouvelle force avec laquelle le héros va devoir évoluer.

Competition, ou concurrence en français, reste bien sûr dans la même direction, mais insiste sur la vie étudiante de Peter, et ses choix vis-à-vis de son ami : la compétition s’installe même entre lui et Harry, tandis que la stratégie du Grand Patron continue de tenir le Tisseur à l’écart.

The Invisible Hand fait référence à une idée développée en 1776 par l’économiste Adam Smith dans le livre De la Richesse des Nations. Compliquée et plusieurs fois réinterprétée, cette théorie de la Main Invisible renvoie probablement au rôle du Grand Patron et de Tombstone, qui tirent les ficelles dans l’ombre. Spider-Man découvre ici ses nouveaux, et peut-être plus dangereux ennemis, et réalise l’échelle de l’affrontement dans lequel il s’est lancé en devenant un super héros. Tante May joue également un rôle et opère dans le dos de son neveu en persuadant Betty Brant de refuser d’accompagner Peter au bal du lycée. Mary Jane peut ainsi faire son entrée en jeu.

Adam Smith avait écrit que les êtres humains n’étaient pas toujours maîtres des conséquences de leurs actes. C’est justement un des thèmes récurrents dans la série, puisque Spider-Man doit subir les actions du Grand Patron, qu’il a involontairement provoqué. Les autres exemples sont multiples, mais le plus évident lorsque l’on parle de Spider-Man est bien entendu la conséquence de son refus d’arrêter le meurtrier de son oncle Ben. Lorsque Smith définie pour la première fois la « Main Invisible » du marché, il explique que les actes commis par les individus pour des raisons purement égoïstes peuvent parfois mener au bien-être commun. La question se pose alors: quand Peter a choisi de laisser partir le voleur qui tuera son oncle, a-t-il engendré une série positive ou négative d’évènements? Serait-il devenu Spider-Man si la Main Invisible n’était pas intervenue?

Épisodes 7 à 9 : Catalysts ; Reaction ; The Uncertainty Principle
Dans le troisième arc, les scénaristes jouent la carte de la physique-chimie, et transforment ainsi l’intrigue générale en réaction chimique. Les différents corps de cette réaction avaient été préalablement définis, au cours des six premiers épisodes. D’un côté Spider-Man, de l’autre, le Big Man et son organisation criminelle.

Le titre de l’épisode 7 parle pour lui-même, puisqu’un catalyseur est une substance indépendante à une réaction chimique qui augmente la vitesse de celle-ci, et qui possède la particularité de ne pas être consommée au cours du processus. Cela signifie qu’un troisième corps, visiblement indépendant, se mêle à la réaction, et change le résultat de l’équation. Mary Jane Watson joue ici le rôle de ce catalyseur. En effet, alors que Peter était diamétralement opposé à Flash Thompson et sa bande, la nouvelle venue change la donne en sortant Peter de son image de « geek ». Elle se mêle plus ou moins à Flash et ses amis, et acquiert ainsi un statut indépendant des deux camps. L’effet de catalyse se ressent également entre Gwen et Peter, puisque la jeune femme se sent de plus en plus éloignée de son ami, mais surtout vis-à-vis de Harry, puisqu’elle entraîne la perte d’attention de la part du groupe de Flash Thompson envers le jeune homme, qui avait déjà un statut précaire dès le moment où il intégrait le groupe car il se sentait à chaque fois obligé de faire ses preuves et qu’il était surtout apprécié pour sa richesse. Cette perte d’attention, renforcée par la déception que connaît Harry en témoignant du comportement de Glory Grant, accélère ainsi sa chute dans la dépendance.

Mary Jane n’est pas le seul catalyseur, comme l’indique le titre pluriel, puisque le Bouffon Vert entre également en jeu, menace les plans du Big Man, et s’interpose dans l’opposition de Spider-Man et du chef de la pègre. Ce troisième acteur suit bien entendu ses propres plans, qui restent jusque là mystérieux, et accélère les évènements alors que le Tisseur vient tout juste de réaliser la dangerosité de son implication dans les affaires clandestines de ses ennemis.

De son côté, le colonel John Jameson se prépare à partir dans l’espace pour une mission qui aura de fortes conséquences sur les personnages principaux. Son effet de catalyse est retardé, mais n’en est pas moins présent.

La réaction chimique continue dans l’épisode 8, notamment en ce qui concerne les relations sociales entre les personnages de Peter, Mary Jane, Flash et Liz. Les évolutions sont ainsi similaires à des associations ou des séparations de corps, au sens physico-chimique du terme. Dans le même temps, la transformation soudaine d’Otto Octavius en Docteur Octopus est le résultat d’une réaction entre un sabotage de la part du Bouffon, et un état psychologique latent causé par la forte tension imposée par Norman Osborn et ses humiliations répétées. La catalyseur qu’est le Bouffon Vert fait ainsi d’une pierre deux coups en opposant un nouvel adversaire à Spider-Man, et en privant le Big Man du scientifique le plus à même de lui fournir ses super vilains.

Le titre de l’épisode 9 peut s’interpréter au sens scientifique comme au sens trivial du terme. En physique, le principe d’incertitude correspond à l’impossibilité de connaître à la fois la vitesse et la position d’un corps microscopique de manière précise. Cet épisode, au rythme très soutenu, enchaîne les révélations et les rebondissements. Les positions qu’occupent les personnages sur l’échiquier sont ainsi plus ou moins brouillées, puisque Tombstone et Hammerhead se retrouvent en position de victimes, et Spider-Man, qui vient s’interposer dans un affrontement qui ne le concerne pas directement, devient à son tour un catalyseur. Le jeune héros est d’ailleurs obligé de s’allier temporairement à Tombstone, et de le laisser partir, pour pouvoir affronter et démasquer le Bouffon.

La fin de l’épisode, et donc de l’arc, plonge le spectateur dans l’incertitude, puisque même si l’identité du Bouffon Vert semble révélée, de multiples questions restent en suspend, mettant en doute la véracité des faits. Gwen et Peter expriment d’ailleurs eux-mêmes leur scepticisme, tandis que le colonel Jameson rentre sur Terre après une mission mouvementée, accompagné d’une mystérieuse substance noire.

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Cet arc centré sur le thème de la chimie est accompagné d’une intrigue sur l’addiction, et sur ses effets néfastes sur le comportement et la psyché de la victime. Ce point permet donc aux scénaristes de faire habilement la liaison avec le dernier arc de la saison 1, centré sur la psychologie.

Épisodes 10 à 13 : Persona ; Group Therapy ; Intervention ; Nature Vs Nurture
Les derniers épisodes, riches en événements, développent les relations entre les personnages grâce à des métaphores socio-psychologiques interprétables à plusieurs niveaux.

En psychologie, le terme persona désigne en anglais la personnalité qu’un individu projète au monde extérieur, qui se différencie de sa nature véritable. Ce concept, développé par Carl Jung, réfère à la signification latine de persona, qui renvoie en fait à la notion de masque, façonnable et interchangeable. Selon cette théorie, chaque individu revêtirait donc un masque lorsqu’il se trouve en société, afin d’afficher une certain image de soi. Dans l’épisode 10, le Caméléon, nouvel ennemi de Spider-Man, fait son apparition, et joue de son art du déguisement pour diffuser une mauvaise image de l’homme araignée en commettant des vols sous son effigie. Non seulement, le Caméléon change de masque, sans révéler sa nature propre, mais impose aussi à son adversaire un faux masque, dont il devra prouver l’artificialité.

Parallèlement, Spider-Man se retrouve vêtu du symbiote extra-terrestre involontairement ramené sur Terre par l’équipe de John Jameson. Alors que sa nouvelle apparence modifie son image sociale, l’entité en question semble peu à peu l’influencer, bien que cela reste encore diffus dans cet épisode. Son flirt avec la mystérieuse Chatte Noire contredit les principes du héros, et celui-ci fait même preuve d’un certain égocentrisme lorsqu’il décide de garder le symbiote pour lui. Est-ce la nature profonde du personnage, ou encore un nouveau masque? Peter, quant à lui, détériore de nouveau sa relation avec ses amis, notamment Eddie Brock, qui l’accuse d’être un opportuniste égocentrique après avoir pris des photos d’un vol sans alerter les autorités. Arborant alors un masque néfaste bien malgré lui, il semble que ses relations avec Gwen en ressentent aussi les effets, puisque les deux personnages ne communiquent plus.

De son côté, la Chatte Noire fait excellente impression sur le jeune héros, qui échoue (ou renonce) même à la conduire devant la justice. Donnant une image à la fois mûre, sexy, provocatrice, et manipulatrice, la féline laisse Spider-Man dans un flou presque total.

Tante May, enfin, laisse transparaître des signes évidents de problèmes de santé qu’elle avait semble-t-il jusque là cachés.

La notion de Group Therapy, ou thérapie de groupe, renvoie à une méthode très répandue de psychanalyse en groupe. En général, 6 à 10 patients se rassemblent autour d’un thérapeute professionnel pour discuter de leurs problèmes, créer une interaction, et essayer de trouver des solutions. Les effets positifs attendus sont un apprentissage personnel de ses réactions vis-à-vis des autres et la prise de conscience de nouvelles façons de se comporter en groupe. Les difficultés rencontrées par les différents patients sont souvent recréées pour que ceux-là puissent apprendre à contourner le problème en changeant de comportement.

Dans cet épisode, Spider-Man se voit donc confronter à six de ses anciens adversaires, alliés dans le seul but de le détruire. Sous ce scénario qui peut paraître simpliste, Greg Weisman et son équipe utilisent la métaphore de la psychanalyse pour observer les changements de comportements chez les personnages. Du côté des Sinistres Six, d’abord, Electro choisit de faire confiance à Otto Octavius dans l’optique de trouver un remède. Il se révèle alors comme un personnage complexe, puisque même s’il intègre une équipe et prouve ainsi qu’il peut travailler à plusieurs après son traumatisme, il ment tout de même au docteur Kaffka concernant sa réhabilitation. Deux effets opposés de la thérapie de groupe se retrouvent alors en confrontation, et confirment le caractère tourmenté et instable de Max Dillon. La plupart des autres ennemis du tisseur prouvent leur inadaptabilité au travail d’équipe, sauf peut-être Shocker, déjà habitué à travailler avec les Exécuteurs. Le thérapeute s’incarne en la personne d’Octopus, qui parvient à faire s’entendre cinq criminels différents, au moins pendant un temps.

De son côté, Spider-Man est bien malgré lui plongé dans cette séance de psychanalyse musclée. Suite à sa première défaite, son inconscient ouvre la voie au symbiote pour qu’il l’aide à résoudre le problème. Le tisseur change alors radicalement de comportement en adoptant une attitude plus agressive et plus directe. Peter ne se rend cependant pas compte du changement pendant la « séance », et règle la question avec l’aide du symbiote. Néanmoins, il est important de souligner que le nouvel allié de Spider-Man, même s’il vainc ses adversaires, change le comportement de son hôte dans le mauvais sens du terme, alors qu’une thérapie de groupe doit aboutir à un bien-être chez le patient. C’est tout le contraire qui va arriver.

Le choc infligé à tante May dans l’épisode révèle également son état de santé médiocre: son faux comportement est percé à jour, tandis que celui d’Eddie se révèle peu à peu, à travers la scène avec Mary Jane. Bien que laissant paraître une image détendue et sereine dans les premiers épisodes, Brock est soudain vu comme quelqu’un qui n’a pas peur de prendre des risques, qui n’a rien à perdre, et qui laisse lentement sa rage déborder.

L’épisode 12, Intervention, montre la lutte intérieure de Peter pour se débarrasser du symbiote, qui a presque totalement immergé sa personnalité. En psychologie, l’intervention est le fait d’apporter une aide, souvent par un proche parent ou ami, à une personne en situation d’addiction. Ici, c’est tout naturellement la figure paternelle d’oncle Ben qui vient apporter son soutient à Peter. Renforcé par la présence toujours vivante de Ben dans son esprit, Peter réussit à se libérer de l’emprise du symbiote. Dans un sens plus trivial, la notion d’intervention peut s’appliquer à bien des aspects de l’épisode, comme l’intervention de l’accident dans la vie de Parker, qui a fait de lui le héros qu’il est à présent. Enfin, le symbiote intervient également dans la vie d’Eddie en lui proposant de se joindre à lui.

Enfin, le dernier épisode de la saison, Nature Vs Nurture, qui peut être traduit littéralement par « la question de l’inné et de l’acquis », agit comme conclusion de l’évolution de Peter Parker au cours de ses deux premiers mois de lutte contre le crime organisé. Quelles caractéristiques Peter a-t-il conservé de l’époque où il n’était pas expérimenté, et qu’a-t-il appris depuis lors? De son inné, subsiste surtout sa dévotion pour sa tante et sa foi en son défunt oncle Ben, renforcée par une meilleure compréhension de sa maxime « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». En effet, son choix d’être Spider-Man malgré les difficultés prouve sa prise de responsabilités envers son devoir moral, sans pour autant négliger l’attention qu’il doit porter à ses proches.

De son acquis, beaucoup de nouvelles choses ressortent, comme en témoigne l’évolution de ses relations. Eddie Brock n’est plus son meilleur ami, mais l’un de ses plus dangereux adversaires, Gwen s’est révélée être la fille qu’il aimait, Harry est parti en Europe, et ses échanges avec Flash Thompson et sa bande se sont améliorés. Des évènements totalement inédits sont également apparus, comme l’arrivée de Mary Jane Watson, ou la découverte d’une très puissante pègre New-Yorkaise dirigée par le charismatique Tombstone. En quelques semaines, des hommes peu dangereux sont devenus des adversaires importants de l’homme araignée, comme Adrian Toomes (le Vautour), Flint Marko (l’Homme Sable), ou Otto Octavius (Docteur Octopus). Cependant, le plus important des acquis réside sans doute en la capacité de Spider-Man à créer une barrière mentale face au symbiote: il se connaît mieux lui-même, et sait sur qui il peut compter, de qui il peut tirer sa force.

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La fin de l’épisode laisse cependant sous-entendre que l’acquis n’est pas quelque chose qui reste longtemps figé: l’organisation criminelle est certainement sur le pied de guerre, les Exécuteurs sont en liberté, Eddie Brock court toujours, et la nouvelle relation entre Gwen et Peter ne peut qu’évoluer.

Par Arkaron
Avec la participation de Monsieur B, rédacteur de La Tour des Héros

Voir aussi: Spectacular Spider-Man: PrésentationFAQ – Guide des épisodes (saison 12) – MédiasForum



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